Le temps dépasse sa propre définition. Il échappe à sa conception abstraite et universelle pour devenir une résonnance vivante et visible de nos propres vies.
Le temps est ce que nous sommes, ce qu’il daigne nous laisser être. Ce qu’il fait et défait à sa mesure nous fait et nous défait à mesure. Mais celui que l’on perd ou que l‘on gagne est seul à nous rassurer ou à nous assurer de son emprise. Il nous construit autant qu’il nous délabre. Il griffe nos vies, nous travaille au corps, nous creuse, nous érode. Il y a entre lui et nous une distance, une épaisseur, un vide, que l’on dénonce ou refuse, à défaut de le combler. Mais nous l’affrontons, la peau est maquillée, le bois vernis, les chaussures ressemelées, les murs maintes fois repeints. On agit selon nos forces, nos moyens, on se débat pour le maitriser. On le cerne. Le saisir enfin comme pour vouloir reconnaître chaque seconde inconnue de nous-mêmes. Mais à trop vouloir le tenir ou le définir, la vie s’arrête. Le temps, lui, toujours présent, nous laisse deviner son ombre, son profil, ses multiples visages et en cela la plus grande part de nous-mêmes.
Nicolas MARAY
Time exceeds its own definition. It escapes its abstract and universal conception to become a living and visible resonance of our lives.
Time is what we are, what it designs to let us be. what it creates and undoes on his measure creates and undoes us in time. But the one we lose or win is alone to reassure us, to assure us of his influence. It builds us up as much as it tears us down. It scratches our lives, it works on the body, it digs us, erodes us. There is between it and each one of us a distance, a thickness, a void that one denounces or refuses, falling to fill it. But we confront it, the skin is made up, varnished wood, worn out shoes, walls time and again repainted, we act according to our strengths, our means, we defend ourselves, we struggle to control it. We encercle it. To seize it eventually, as if we wanted to acknowledge each unrecognizable second to ourselves.
But will too strongly to hold what cannot be held or to define it, and life stops. Time, survives and allows us to perceive its shadow, its profile, its many faces and in this, the most important part of ourselves.
Nicolas MARAY